Difficile de choisir parmi tous ces moments magiques lequel constitue mon "meilleur souvenir". J'ai passé une quantité de moments inoubliables. De plus, il y a des endroits où nous n'avons fait que passer, et d'autres où nous avons vécu quelque temps, et qui font partie de notre vie de façon différente par le fait même.
La Floride est un endroit superbe, dépaysant et confortable à la fois. L'odeur de fleur d'oranger qui nous a accompagnés lors de notre remontée vers le Nord est un souvenir merveilleux, de même que les lamantins, les dauphins, les alligators et les diverses espèces d'échassiers, les plantes tropicales inconnues et passionnantes que nous y avons découverts... La couleur magnifique de la mer, le douceur du climat, les nuits pleines d'étoiles et le soleil généreux ne s'oublient pas facilement...
La Louisiane et surtout la ville de Lafayette m'ont laissé un souvenir ému. Ce fut ma première rencontre avec les Cadiens, et je m'y suis sentie chez moi.
Le Texas m'a surprise et éblouie par la variété de ses paysages.
L'Arkansas, et particulièrement la charmante ville de Hot Springs, m'ont donné envie de jeter l'ancre un moment parmi des gens accueillants et simples.
Les Appalaches nous ont bercés dans une atmosphère de sérénité et de beauté sauvage.
La ville de Washington m'a séduite par ses musées extraordinaires et l'air pur de son "Mall", où l'on peut voir folâtrer les lucioles.
Le Nouveau-Brunswick m'a donné l'occasion de me replonger dans la culture acadienne et de l'aimer encore un peu plus. L'Ile-du-Prince-Edouard de découvrir certaines facettes du Canada Anglophone et l'importante influence celtique sur le Canada Atlantique. J'ai adoré l'atmosphère de la petite ville de Percé, tout au bout de la Gaspésie...
Quant à l'Ouest Américain, c'est au delà des mots... La Grande Prairie où souffle l'Esprit du Vent, les Montagnes Rocheuses, d'une beauté intacte, sont des lieux d'harmonie et de paix dont le souvenir continue d'éclairer ma vie.
En fait je n'ai (presque) que d'excellents souvenirs.
Mon meilleur souvenir, en définitive, c'est probablement de m'être endormie tous les soirs en sachant que je découvrirais le lendemain des endroits, des gens et des choses dont je ne soupçonnais pas l'existence. Et de sentir au fond de moi à quel point la vie vaut d'être vécue.
Mon pire souvenir
J'ai cherché longtemps quel pouvait bien être mon "pire souvenir". En vain. Les petits incidents de parcours: frigo qui chauffe au lieu de refroidir, pot d'échappement qui explose, douche bouchée, joints qui fuient, pompe à eau qui crache plus d'air que d'eau, chaleur à crever ou froid de canard, insectes piqueurs, petites frousses dans banlieues obscures... Toutes ces choses ne sont pas des mauvais souvenirs. Ils sont le sel du voyage, les petites contrariétés que l'on raconte plus tard en riant et qui font encore plus apprécier les grands moments de bonheur. Non, en fait, je n'ai pas de mauvais souvenir de mon voyage.
Le pire souvenir de mon voyage, en fait, c'est le moment où j'ai compris qu'il nous fallait rentrer et renoncer à la suite. C'est l'inquiétude qui s'est emparée de moi lorsque j'ai compris que Luc était dyslexique, et que je n'ai plus été sûre de rien. Ces quelques semaines d'anxiété, de découragement, d'incertitude et ce sentiment d'immense responsabilité qui pesait sur mes épaules parce que je devais trouver quelque chose pour le sortir de là, parce que si je ne le faisais pas, là, tout de suite, il serait trop tard.
Voilà le pire moment de mon voyage. J'ai dû faire le deuil de la fin de ce voyage, ça a été très long, très difficile. Mais le temps est le seul remède contre ce genre de sentiment. On finit toujours par accepter.
Ensuite les choses ont évolué de telle façon que ce retour prématuré a aussi signé le glas du voyage familial, avec à la clé une séparation et un divorce. Me voilà en cale sèche en attendant que les problèmes soient enfin réglés.
C'est assez difficile d'être une nomade sédentaire...
Pour lire le
journal de Sophie (début)
Pour retourner vers le
journal de Sophie (fin)
Selon Sophie
Pour le meilleur et pour le pire
Depuis notre retour
Notre bilan