L’instruction en famille

Masques portés pendant des heures, interdiction de s’approcher des autres, culpabilisation et peur permanentes… Comment protéger nos enfants des effets délétères des mesures « sanitaires » prises à l’école? Comment les protéger des pressions subies pour les inciter à se vacciner ou de l’ostracisme dont ils sont victimes lorsqu’ils ne le sont pas? L’une des solutions est assez radicale: tout simplement retirer ses enfants de l’école. Est-ce légal? Est-ce possible? Cet article fait le point.

En France, l’instruction est obligatoire de 3 à 16 ans, et c’est à nous, parents, que revient le choix du mode d’instruction !

L’instruction en famille (IEF) est un choix éducatif à part entière : si l’instruction est devenue obligatoire en France depuis la loi de Jules Ferry en 1882, le choix du mode d’instruction est toujours demeuré une liberté parentale inscrite dans le Code de l’éducation (Article L131-2).

« L’instruction obligatoire peut être donnée soit dans les établissements ou écoles publics ou privés, soit dans les familles par les parents, ou l’un d’entre eux, ou toute personne de leur choix. »

Depuis 1998, le législateur a renforcé les contrôles afin de connaître les raisons de ce choix (enquête de la mairie) et de vérifier que l’enseignement est conforme au droit à l’instruction de l’enfant (contrôle pédagogique).

Qui pratique l’instruction en famille ?

Deux profils majeurs se dégagent : d’un côté, celui des familles n’ayant jamais scolarisé leur(s) enfant(s), d’un autre côté celui des familles faisant le choix de déscolariser l’un ou plusieurs de leurs enfants. Dans ce dernier cas, le choix est souvent lié à des relations douloureuses avec le système scolaire, ou à des circonstances exceptionnelles telle que les mesures sanitaires actuelles.

Les motivations des familles ayant choisi l’IEF sont diverses. Beaucoup de parents choisissent ce mode d’instruction pour des raisons idéologiques, pédagogiques, ou particulières, telles que le bilinguisme, une vie en itinérance, des contraintes professionnelles, un haut investissement sportif ou artistique de l’enfant…

D’autres encore ont rencontré des difficultés dans le système scolaire. Nombre d’enfants déscolarisés n’ont pas trouvé leur place au sein de l’école, pour cause de handicap, de précocité, de difficultés d’apprentissage, etc. La loi du 11 février 2005 a permis la reconnaissance des troubles spécifiques « dys » comme faisant partie du champ du handicap mais se heurte dans son application sur le terrain à des difficultés d’ordre financier, de formation du personnel enseignant et de reconnaissance : l’instruction en famille reste souvent pour ces enfants le seul accès à un mode d’instruction adapté à leur  fonctionnement cognitif particulier. Les cours par correspondance n’étant que rarement adaptés à ces profils, l’instruction est hautement personnalisée et adaptée au plus près des attentes de l’enfant.
Parfois même, c’est l’école qui renvoie l’enfant dans la famille parce qu’elle ne sait pas comment gérer ses particularités. Les violences vécues à l’école, la phobie scolaire, le harcèlement… conduisent les parents à sortir leur enfant du système scolaire afin d’alléger ses souffrances.

Choisir l’IEF, c’est aussi se libérer de beaucoup de contraintes et faire un réel choix de vie : rythme, fonctionnement familial, engagement des parents… Quelles que soient leurs motivations, les familles faisant le choix de l’IEF s’engagent dans cette voie de façon réfléchie, en étant conscientes de leurs responsabilités.

Pourquoi choisir l’instruction en famille ou « école à la maison » ?

L’instruction en famille permet de choisir sa pédagogie et ses méthodes, d’aborder et d’approfondir les sujets en suivant l’intérêt de l’enfant, de tenir compte de ses forces tout en travaillant ses difficultés, d’optimiser son temps de travail, d’établir une progression et un suivi individualisés, tout en étant ancré  dans une vie sociale diversifiée.

Pour en savoir plus : https://laia-asso.fr/ief/le-choix-de-lief/

1. Les pratiques pédagogiques

Les pratiques pédagogiques des familles ayant choisi l’instruction à la maison recouvrent un éventail très  large témoignant de la variété des motivations. Selon leurs convictions, les âges et besoins des enfants,  l’enseignement suit souvent une progression différente de celle préconisée par l’Éducation nationale.

Parmi les méthodes utilisées se trouvent :
● L’utilisation de cours par correspondance, à la carte ou en scolarité complète (on peut toutefois souligner que cette dernière pratique ne relève pas à proprement parler de l’instruction dans la famille, puisque donnée par l’établissement),
● Le suivi à la maison de la pédagogie, du programme, des méthodes en vigueur dans les classes à l’école,
● Le suivi d’une pédagogie particulière (Montessori, Freinet…),
● L’apprentissage dit autonome ou autogéré ou unschooling,
● Le plus souvent un mélange de toutes ces pratiques (alternance dans le temps ou combinaison personnalisée).

Alors que les pédagogies alternatives sont de plus en plus répandues, les apprentissages autonomes et autogérés, couramment désignés par le terme anglo-saxon unschooling, sont encore largement méconnus.

2. Les parents instructeurs

Les parents instruisant leurs enfants présentent des profils socio-professionnels variés. Si on retrouve beaucoup d’enseignants et de cadres supérieurs parmi eux, on constate cependant qu’il n’est pas nécessaire d’avoir une formation particulière pour mener à bien l’instruction de ses enfants. Les parents instructeurs ont à cœur de fournir un environnement stimulant à leur enfant, afin de nourrir sa curiosité et favoriser les apprentissages. Ils sont proactifs et très engagés dans la construction du mode  d’instruction de leur enfant. Lorsqu’ils n’ont pas les connaissances nécessaires pour répondre à ses  questionnements, soit ils font des recherches, souvent avec l’enfant, dans les nombreuses ressources  disponibles aujourd’hui, soit ils trouvent une personne extérieure à la famille pourvue de ce savoir, et qui  pourra le transmettre à l’enfant dans le cadre de cours particuliers, d’activités extra-scolaires,  d’ateliers pédagogiques, etc.

Pour en savoir plus : https://laia-asso.fr/ief/qui-peut-instruire/

Le magazine Les Plumes , édité par l’association LAIA et déposé à la Bibliothèque Nationale de France, regroupe notamment des témoignages de parents sur des thèmes choisis, offrant ainsi un riche partage de connaissances.

3. La vie en société

Les enfants instruits en famille sont socialisés. L’apprentissage des règles de la société et la capacité à  rechercher la compagnie de ses semblables s’acquièrent pour tous les enfants en premier lieu dans le  contexte familial. Loin d’être isolés, la plupart d’entre eux côtoient leurs pairs, scolarisés ou non, dans le  cadre d’activités extra-scolaires, d’ateliers en groupe, de rencontres entre familles… L’apprentissage des  codes sociaux par l’enfant se fait le plus souvent par imitation des adultes qu’il côtoie et, dans  l’instruction en famille, l’enfant est en contact avec nombre d’individus d’âges et de situations très variés. La plupart des professeurs d’activités extra-scolaires reconnaissent d’ailleurs la maturité,  l’épanouissement, l’implication et la qualité d’échanges des enfants instruits en famille.

La complexité du lien social est indissociable des progrès technologiques et des avancées des modes de communication. Même si l’instruction en famille existait bien avant Internet, il joue aujourd’hui un rôle très important dans le choix et dans la pratique de l’IEF :

● Il permet aux familles de se parler, d’échanger, d’organiser des rencontres.
● Il offre un accès direct à toutes les connaissances humaines, en favorisant l’apprentissage des langues  étrangères de manière interactive, en donnant l’accès à de très nombreux sites éducatifs, en amenant à  apprendre à se servir de cet indispensable outil qu’est l’informatique…

Pour en savoir plus : https://laia-asso.fr/ief/la-socialisation-en-ief/

4. Les formalités

Chaque année, à la rentrée scolaire, ou dans les 8 jours suivant la déscolarisation, les parents informent  l’administration de leur choix d’instruire leurs enfants en famille. Deux déclarations doivent être envoyée:  une à la mairie, l’autre à l’inspection académique.

https://laia-asso.fr/lois/declarer-linstruction-en-famille/

Attention : à compter de la rentrée 2022 les lois changent : l’IEF n’est désormais plus un droit soumis à déclaration mais une demande soumise à autorisation !

https://laia-asso.fr/instruction-en-famille-sur-autorisation-lexperience-revele-un-arbitraire-
administratif-intenable/

Les enfants soumis à l’obligation scolaire qui reçoivent l’instruction dans leur famille sont dès la
première année, et tous les deux ans, l’objet d’une enquête de la mairie compétente. L’inspecteur d’académie doit faire vérifier, au moins une fois par an, que l’enseignement assuré est
conforme au droit de l’enfant à l’instruction.

Ce contrôle peut avoir lieu au domicile des parents ou dans les locaux de l’Éducation Nationale.
L’inspecteur peut choisir les modalités du contrôle, et ce dernier peut être inopiné.

https://laia-asso.fr/lois/textes-de-lois/

5. Ressources

Il existe de très nombreuses ressources sur Internet (pour beaucoup gratuites), sous diverses formes :

– des vidéos de professeurs ou autres passionnés expliquant des problèmes mathématiques
– des logiciels d’entraînement aux langues étrangères
– des MOOCs (cours en ligne) sur absolument tous les sujets (mais principalement pour des niveaux lycée et plus)

Voici un petit article donnant plein de liens pour tous les niveaux, y compris collège : https://www.superprof.fr/blog/cours-en-ligne-pour-tous-niveaux-scolaires/

Vous pouvez également trouver des supports pédagogiques innovants et transversaux de grande
qualité et pour absolument tous les niveaux (dont pas mal gratuits ou à prix très raisonnable),
par exemple sur le site de Carpe Diem Éducation : https://carpediem-education.fr/

Bibliographie :

La pédagogie de la mouche, Bernard Collot – L’Instant Présent, 2013, 60 pages.

Semeurs d’enthousiasme, Manifeste pour une écologie de l’enfance, André Stern, L’Instant
Présent, 2014, 30 pages.

Et je ne suis jamais allé à l’école, histoire d’une enfance heureuse, André Stern, Actes Sud,
2011, 163 pages.

L’apprentissage informel expliqué à mon inspecteur, Claudia Renau, L’Instant Présent, 2012,
60 pages.

Une société sans école, Ivan Illich, Seuil, 1971.

Une éducation sans école, Thierry Pardo, Écosociété, 2017.

Les apprentissages autonomes, John Holt, L’Instant Présent, 2011, 190 pages.

Apprendre sans l’école, des ressources pour agir et s’instruire, John Holt, L’Instant Présent,
2012, 260 pages.

Libres enfants de Summerhill, Alexander S.Neill, La découverte, 2004, 464 pages.

Pourquoi les enfants n’aiment pas l’école. La réponse d’un neuroscientifique, Daniel T.
Willingham, La librairie des écoles, 2010, 210 pages.

Comme des invités de marque, Léandre Bergeron, Trois-Pistoles, 2002, 167 pages.

L’instruction en famille, une liberté qui inquiète, Michèle Guigue et Rebecca Sirmons,
L’Harmattan, 2015, 265 pages.

Être et devenir, un film de Clara Bellar – L’Instant Présent