EHPAD + COVID = l’équation fatale ?

Les chiffres de la mortalité liée à l’infection covid-19 montrent que les personnes âgées sont les plus susceptibles de décéder lorsqu’elles contractent la maladie. La moyenne d’âge des défunts est en effet supérieure à 80 ans.

On peut donc s’attendre à une véritable hécatombe lorsque le virus pénètre dans un EHPAD. Pourtant, aucune fatalité là-dedans. Pour le démontrer, nous partageons avec vous une histoire exemplaire qui s’est déroulée ici dans l’Orne.

Trois EHPADs existent dans la ville de Sées. L’un, public, dépend de l’hôpital, les deux autres ( la Miséricorde et Sainte Thérèse) sont des EHPADs privés à but non lucratif.

D’une manière générale en France la létalité de la Covid dans les EHPADs a été comprise entre 20 et 30% (La létalité est le rapport du nombre de décès sur le nombre de malades, tandis que la mortalité est le nombre de décès rapporté à l’ensemble d’une population). Qu’en a-t-il été dans les EHPADs de Sées?

L’EHPAD de la Miséricorde a jusqu’à présent été épargné par l’épidémie. Il n’y a donc pas eu de morts dues à cette maladie.

A l’hôpital, la propagation de l’épidémie au sein de l’EHPAD a été bien contrôlée par les mesures d’isolement mises en place. En conséquence, on déplore seulement 4 décès pour 204 résidents, au cours de la « première vague » de mars 2020.

En revanche à Sainte-Thérèse, l’épidémie a frappé 44 résidents sur les 60 que compte l’établissement. Avec un taux de létalité équivalent à ce qu’on a pu voir dans une majorité d’EHPADs, on aurait dû voir mourir environ 9 résidents. Qu’en a-t-il été ?

Médecin coordonnateur

Le Dr Jean-François Marichal me reçoit gentiment chez lui pour me permettre de lui poser toutes mes questions.

Médecin coordonnateur pour La Miséricorde et Sainte-Thérèse, il était présent tout au long de ces mois fatigants et stressants où l’épidémie rôdait autour, puis à l’intérieur d’un des établissements.

Compliqué ? Oui, ça l’a été. Et fatigant. Il fallait composer avec la pénurie de matériel. Toujours un peu difficile de se fournir en gel hydro-alcoolique par exemple. Situation tendue sur les masques au départ. Le système D et la bonne volonté ont eu leur part. Ainsi, en manque de sur-blouses jetables, l’EHPAD a été équipé de blouses lavables confectionnées par des bénévoles à partir de casaques destinées aux résidents : on y a cousu des manches, rajouté des boutons-pression, et elles ont pu être lavées et désinfectées autant de fois que nécessaire. « On utilisait des visières qui étaient régulièrement désinfectées, et pour le matériel jetable (charlottes, sur-chaussures, gants et masques), même s’il a fallu anticiper et se démener un peu, on a toujours réussi à s’approvisionner à temps ».

Épidémie à Sainte-Thérèse

L’épidémie de Covid est arrivée à l’EHPAD Sainte-Thérèse en novembre 2020, soit au moment de la « 2ème vague ». S’il y a un aspect qui n’a pas pu être géré correctement, c’est bien la propagation de l’épidémie au sein de l’établissement. Il fallait revoir toute l’organisation et certains soignants remplaçants manquaient d’entraînement pour l’habillage. Un secteur pour isoler les premiers cas avait été installé dans le PASA (Pôle d’Activité et de Soin Alzheimer). Cet espace est normalement dévolu à une douzaine de patients de l’EHPAD présentant des troubles cognitifs, pour un accueil de jour. Là se déroulent des activités pour stimuler la mémoire afin de retarder la perte d’autonomie. Des animatrices proposent des ateliers, des jeux. Ils peuvent cuisiner, partager leur repas sur place. « Cet espace nous a permis de disposer trois lits où nous avons isolé les premiers patients, mais très vite on a dû modifier cette disposition et constituer d’autres secteurs isolés car l’épidémie s’est étendue. De 3 malades on est passé à 9, puis à 16. On a déménagé plusieurs fois ». Les aides-soignantes restaient, dans la mesure du possible, dans le même secteur toute la journée, mais il n’y avait pas assez d’infirmières, et elles devaient changer de secteur. A chaque fois, cela impliquait de changer leur sur-blouse, sur-chaussures, masque, charlotte, gants… Malgré cela, à terme, les 3/4 des résidents ont été contaminés. En effet, les soignants n’étaient pas forcément les seuls à se déplacer d’une zone à l’autre. « Les résidents lucides, on leur demandait de rester dans leur chambre, mais on a aussi des patients déments qui déambulaient d’une zone à l’autre malgré les panneaux qu’on avait mis pour interdire certains accès. On a aussi une unité fermée de 12 chambres où sont regroupés des patients déments, mais ils peuvent déambuler d’une chambre à l’autre et ils ont tous été contaminés.»

Des soins, des soins, des soins…

« Les gens qui sont vraiment autonomes, ils sont chez eux, ils ne sont pas en EHPAD . Donc les résidents ont tous besoin d’une aide à un moment ou un autre. Ceux qui avaient en plus la covid ont demandé beaucoup de soins supplémentaires. Les personnes qui d’habitude étaient autonomes étaient parfois tellement fatiguées qu’il fallait leur donner à manger et à boire. Donc on a dû prodiguer beaucoup plus de soins de vie quotidienne. Et les soins médicaux ont été multipliés aussi. »

A Sainte-Thérèse les premiers patients covid étaient quasiment asymptomatiques, ils ne toussaient pas, mais en revanche ils étaient très fatigués et confus puisqu’ils avaient perdu leurs repères. Même peu malades, ils nécessitaient une surveillance accrue, car le danger essentiel est dû à leur fatigue extrême : il fallait s’assurer qu’ils mangent, qu’ils boivent suffisamment. « On a mis en place une fiche d’alimentation pour chaque résident. Parfois une fiche hydrique. S’ils ne buvaient pas assez on mettait une perfusion la nuit ». Il fallait aussi aider les patients dans des activités où ils étaient d’habitude autonomes, comme l’habillage, la toilette, la prise des repas. Pour éviter les éventuelles phlébites et embolies pulmonaires consécutives à l’alitement prolongé, il fallait dans la mesure du possible les faire se lever un peu, les mettre au fauteuil. « On n’avait pas assez de personnel, il a fallu embaucher des intérimaires. Le directeur a bien géré tout ça, on a eu l’aide qu’il fallait ».

Embauches d’autant plus nécessaires quand l’épidémie s’est étendue aux soignants : environ 50% d’entre eux ont eu la Covid. Ici personne n’est venu travailler avec la covid, même les asymptomatiques. « Ça ne m’a pas paru raisonnable. Même en faisant attention, dans la précipitation parfois on fait des fautes : on oublie de désinfecter ses mains, ou on touche son masque… On avait déjà assez de problèmes comme ça: dès qu’il y avait un test positif ils étaient arrêtés . » 

Des tests étaient pratiqués chaque semaine sur l’ensemble des personnels et des résidents. Les soignants contaminés étaient arrêtés pour un minimum de 7 à 10 jours, mais de toutes façons ils ne reprenaient le travail que s’ils présentaient un test négatif.

 

Traitements médicaux

Les recommandations officielles du Ministère de la Santé pendant toute l’épidémie étaient d’une extrême simplicité : doliprane, rien que du doliprane… Le Dr Jean-Jacques Erbstein, auteur du livre « Je ne pouvais pas les laisser mourir », a caricaturé cette doctrine sous le nom des « 4 D : Domicile, Doliprane, Dodo, Décès… »

Et puis, surprise ! En plein cœur de la première vague, pendant que les urgences des hôpitaux et les services de réanimation sont saturés, un décret autorise exceptionnellement l’usage du rivotril en médecine de ville sur les patients âgés atteints de covid. Le rivotril est un neuroleptique, dont la prescription depuis plusieurs années était strictement limitée aux neurologues et aux psychiatres. Ce médicament ne soigne pas du tout la covid. Le but avoué était de sédater les gens, un peu comme l’hypnovel – un anesthésiant- . Dans les cas d’extrême angoisse cela peut permettre que les gens partent plus doucement mais ce n’est même pas un analgésique, donc cela ne soulage pas les douleurs.

« Moi je n’en ai pas prescrit, c’est connu pour déprimer le système respiratoire, alors chez des gens qui ont déjà des soucis de ce côté-là, je n’ai pas compris pourquoi c’était autorisé. » Et d’ajouter, désabusé : « Les autorités craignaient la saturation des hôpitaux. On voulait que les personnes âgées restent à l’EHPAD et meurent à l’EHPAD. »

Mourir ? A Sainte-Thérèse personne n’en est mort. La seule mort que l’établissement ait dû déplorer, c’est celle d’une résidente qui a contracté la covid alors qu’elle était hospitalisée au CHU de Caen, pour un autre problème médical. « Elle est partie de l’EHPAD avec un test négatif. Elle a contracté la covid au CHU dix jours après, et elle y est morte. »

« Moi je n’ai prescrit ni morphine ni rivotril ni hypnovel. Les gens ne souffraient pas.Ce qu’il fallait c’est prendre soin d’eux. Le risque pour eux c’est l’épuisement, la dénutrition qui peut entraîner de l’hypotension, des chutes. L’alitement prolongé peut entraîner des phlébites, des escarres […/…] Aller chercher un verre d’eau quand on est malade ça peut sembler le bout du monde. Si on n’a pas eu de décès dans notre EHPAD c’est que l’équipe soignante a, dès le début, pris soin des personnes, tout simplement. Ceux qui sont morts chez eux, pour moi c’est de l’abandon de soins ».

Alors, que peut-on donner aux gens qui ont la covid ? Zinc, vitamine D, azithromycine, anti-coagulants, et une surveillance accrue de toutes les constantes biologiques, avec traitement si nécessaire.

« Chez les personnes âgées on n’a pas vu trop de flambée inflammatoire, comme on en a vu chez des sujets plus jeunes. Mais on peut avoir des thromboses ».

Il fallait donc doser les D-dimères, et mettre sous anti-coagulants si les résultats étaient trop élevés, mais également à titre préventif si la personne ne pouvait pas se lever du tout. Il y avait donc des injections à faire matin et soir, et une surveillance régulière à effectuer (numération des plaquettes). Certains médicaments pris sur une base régulière devaient être modifiés pour éviter des surdosages et les intoxications médicamenteuses, et dans ce contexte il fallait aussi surveiller la fonction rénale.

« Une chose assez compliquée à gérer aussi c’est l’ajustement des médicaments pour les patients qui ont des traitements chroniques : un patient qui mange ou boit peu, ou dont les constantes (par exemple la tension artérielle) ou le comportement sont modifiés par la maladie, il faut réajuster ses prises médicamenteuses, sinon on peut voir apparaître des effets toxiques ou inadaptés. Si un diabétique ne mange pas et qu’on lui injecte de l’insuline comme s’il mangeait… ce sont en fait des conséquences iatrogéniques. »

Certains patients qui ont des tendances asthmatiques ont reçu des corticoïdes en aérosol. La saturation en oxygène du sang était surveillée chez tout le monde deux fois par jour et un apport d’oxygène fourni si nécessaire. « On n’a pas eu de gros besoins en oxygène : 3 ou 4 l/min par exemple, avec des concentrateurs d’oxygène, pas des bouteilles. On était loin des 9 ou 15 l/min qu’on voit en réa. »

Et en cas de surinfection bactérienne, il fallait étendre la couverture antibiotique.

 

Hospitalisations

En dépit de tous les soins pratiqués sur place, certains patients plus fragiles ont dû être hospitalisés. Sainte-Thérèse ne bénéficie pas en effet de la présence d’une infirmière la nuit. Cela rend la pose d’une perfusion intraveineuse impossible (seules les perfusions sous-cutanées pour réhydrater des patients est possible sous la surveillance des aides-soignantes).

« On a fait hospitaliser nos patients exclusivement à l’hôpital de Sées où je connais bien les collègues, en particulier en médecine. Après quelques jours, quand leur état s’était stabilisé, ils revenaient à l’EHPAD. Aucun n’a eu besoin d’aller en réanimation »

Les relations privilégiées du Dr Marichal avec ses collègues de l’hôpital lui ont été d’un grand soutien tout au long de cette période. « C’était rassurant pour moi car je me suis senti épaulé. Je n’hésitais pas à leur demander conseil. ». Il ajoute : « Il faut dire que les médecins libéraux, on ne les a pas vus beaucoup .

Car le Dr Marichal n’est pas le médecin des résidents. Il n’est que le médecin coordonnateur de l’EHPAD. Son rôle est de travailler sur la prévention : prévention infectieuse, prévention des chutes, de la dénutrition, usage des médicaments. Il effectue un suivi des dossiers médicaux, et a un rôle de conseil auprès du directeur. Chaque résident conserve son médecin traitant qui lui rend visite dans l’établissement et assure le suivi médical. Quand ils sont malades, c’est à leur médecin traitant de les soigner.

« Pendant toute la durée de l’épidémie, j’étais là tous les jours (pas toute la journée parce que je travaille dans un autre EHPAD et sur l’hôpital), mais je suis venu tous les jours, même le dimanche. D’habitude les médecins traitants, on les voit, mais là je ne me souviens pas d’en avoir vu un seul. »

Cette confidence, j’ai dû insister un peu pour l’obtenir du Dr Marichal, de toute évidence embarrassé de devoir énoncer des faits qui ne sont pas à l’avantage de ses confrères. Il se dépêche d’ajouter : « Ils étaient probablement débordés. Heureusement que j’étais en contact avec les médecins de l’hôpital. En cas de difficultés, j’étais sûr qu’ils prendraient les patients de l’EHPAD en priorité.»

L’épidémie de Covid à l’EHPAD Sainte-Thérèse s’est étalée sur un peu plus de deux mois : les derniers cas se sont déclarés en décembre, pour une guérison acquise pour tous début janvier. Aucun patient n’a été contaminé au cours des « vagues » suivantes. Dans l’autre EHPAD coordonné par le Dr Marichal, celui de la Miséricorde, non plus : « On a pu sans doute bénéficier de l’expérience de Sainte Thérèse. De plus j’avais mis en place un petit traitement préventif (chlorure de magnésium + traitement homéopathique) pour les résidents qui le souhaitaient. Est-ce que ça a joué ? Peut-être. »

Quelle leçon tire le médecin de ce qui s’est passé à Sainte-Thérèse ? « Quand on met en place des traitements dont l’efficacité est avérée contre les virus (zinc, azithromycine), quand on surveille le risque de surinfection bactérienne, quand on prend soin d’eux, quand on les réhydrate si nécessaire, qu’on les nourrit, qu’on les met sous oxygène, ça se passe au bout du compte plutôt bien. Mais ça demande beaucoup de soins. Si on avait laissé les gens se débrouiller tout seuls, on aurait eu beaucoup de décès. C’est sans doute ce qui s’est passé dans beaucoup d’EHPADs. Heureusement nous avons eu une bonne équipe d’infirmières, d’aide-soignantes et d’agents de soins qui ont été dévoués, ne comptant ni leur fatigue, ni leur temps. Et nous avons été soutenus par le directeur de l’EHPAD et le service administratif.»

De quoi ont surtout souffert les résidents ? Les soignants ?

« Ce qui a été le plus dur pour les résidents, c’est l’isolement. »

Les résidents ne pouvaient pas sortir de l’EHPAD ni recevoir leur famille, cela a été très dur pour eux. L’établissement a organisé des visioconférences avec les familles, ou des appels téléphoniques, avec l’aide de la psychologue et des animatrices. Mais c’était loin d’être suffisant. Les échanges via un écran ne peuvent pas remplacer le contact physique, la présence réelle des proches, particulièrement pour les patients qui ont des problèmes cognitifs. « D’habitude l’EHPAD est un lieu de vie, c’est leur habitation, ils peuvent recevoir qui ils veulent, les gens vont et viennent, il n’y a aucune limitation. » Là toutes les sorties et toutes les visites étaient interdites par décision de l’ARS (Agence Régionale de Santé). Tous les résidents ont souffert du manque de lien, de l’enfermement. L’isolement les déprimait. Ils voyaient les soignants et c’est tout, et en plus ces derniers étaient monopolisés par les soins à donner.

Les résidents qui allaient au PASA (voir plus haut) ont souffert de la suppression du PASA, transformé en unité d’isolement pour les malades Covid. De plus les animatrices ont été réquisitionnées pour des soins. Les résidents n’avaient plus d’activités ensemble, ils ne mangeaient dans la salle à manger mais chacun dans leur chambre. Nombreux sont ceux qui ont décliné sur le plan cognitif, et aussi sur le plan de l’autonomie. Après l’épidémie il y a aussi eu de la fatigue prolongée, et les gens avaient perdu des capacités qu’ils n’ont pas forcément retrouvées après, mais on n’a pas eu de « covid long ».

Quant aux soignants, le surplus de travail étant énorme, ils étaient au bord de l’épuisement. Il y avait beaucoup de soins médicaux supplémentaires liés à la covid : par exemple le nombre de prises de sang pour l’établissement est passé d’une moyenne de deux par jour à plus de dix, et il y avait parfois une vingtaine d’injections d’anti-coagulants matin et soir. Il fallait une surveillance accrue : mesure des constantes (saturation en O2, tension artérielle, température), bilans sanguins réguliers, soins accrus pour les malades en perte d’autonomie). Et de plus il fallait parfois fonctionner avec un effectif réduit puisque de nombreux soignants étaient en arrêt de travail, touchés eux-mêmes par la Covid. Les soignants ont fait beaucoup d’heures supplémentaires.

 

Après l’épidémie, la vaccination

Les résidents des EHPADs de la Miséricorde et Sainte Thérèse qui n’avaient pas eu la Covid ont été vaccinés en février-mars 2021 à la demande expresse de l’ARS. « Pour les autres, je m’y suis opposé. Ce n’était pas nécessaire car ils avaient des anticorps. On ne vaccine pas les gens qui ont une immunité naturelle pour une maladie, c’est de la médecine élémentaire ! Pourtant il y avait une forte pression de l’ARS pour vacciner même ceux qui avaient eu la covid, dès les mois d’avril, mai, juin…  C’est aberrant ! Je n’ai jamais vu ça. » Seuls 4 résidents dont les sérologies, effectuées en mars, montraient peu d’anticorps, ont été vaccinés en avril.

Pour ceux qui n’avaient pas eu la covid, le Dr Marichal a délivré une information objective sur ces vaccins afin d’obtenir leur « consentement libre et éclairé », ainsi qu’il est requis pour un traitement encore en cours d’expérimentation. « Je leur ai dit que les effets secondaires étaient peu connus à court terme et pas du tout à moyen et long termes. Que ça ne les dispenserait pas des gestes barrières et autres précautions. Que l’effet protecteur n’était pas certain. Globalement, à 95% ils ont voulu être vaccinés. Pour quelques personnes je n’ai pas donné mon accord : une patiente de 106 ans, des patients atteints de cancers, etc. » Quelques-uns qui avaient refusé au départ ont changé d’avis en voyant que les premiers vaccinés avaient plutôt bien supporté leur injection. Les personnes âgées ont un système immunitaire peu actif et on n’a pas vu de troubles immédiats comme on a pu en voir chez des sujets plus jeunes, à part de la fatigue persistante. Cependant le Dr Marichal se pose des questions car il a constaté chez ses patients des thromboses, phlébites, infarctus, et embolies pulmonaires survenant 3 à 4 mois après les injections. « Mais bien sûr on ne peut pas être sûr qu’il y a un lien, et c’est un petit effectif. Ce serait intéressant de compiler sur l’ensemble des EHPADs et de comparer la fréquence de ces incidents par rapport aux années antérieures. »

Normalement s’agissant d’un nouveau vaccin il devrait y avoir un suivi systématique de toutes les pathologies qui apparaissent sur une certaine cohorte… Mais ça devient difficile de trouver des gens non vaccinés pour servir de groupe témoin.

Applaudis en 2020, « remerciés » en 2021

Le Dr Marichal a lui-même attrapé la covid en octobre 2020, soit avant que l’épidémie ne frappe l’EHPAD de Sainte-Thérèse. Il était donc immunisé à son retour de congé et prêt à prendre soin de ses résidents. Atteint d’une forme très mineure, quasi asymptomatique, il s’est soigné lui-même avec un mélange d’allopathie et de traitements complémentaires : azithromycine, zinc, homéopathie, huiles essentielles, chlorure de magnésium et probiotiques.

« J’avais juste la gorge qui picotait, et j’étais un peu fatigué, mais comme je travaille beaucoup dès que je m’arrête de toutes façons, je suis fatigué. J’en ai profité pour me reposer. Je n’ai eu ni perte d’appétit, ni perte de l’odorat ou du goût, ni mal de tête, rien ! ».

En fait, il n’aurait sans doute même pas pensé à se faire tester s’il n’avait pas été « cas contact ». Ayant fait une forme aussi mineure, il se demandait s’il aurait néanmoins un bon taux d’anticorps, ce qui était le cas, à sa grande satisfaction. Une première sérologie en avril, une deuxième il y a peu, 11 mois après l’infection, montrent qu’il est toujours bien protégé contre le virus.

L’immunité naturelle est bien supérieure à celle induite par la vaccination : elle dure plus longtemps, puisque les fabricants de vaccins nous disent que l’immunité induite par leurs produits disparaît au bout de 5 à 6 mois . De plus l’immunité naturelle est dirigée vers de nombreuses protéines du virus, contrairement à celle des vaccins qui n’est dirigée que contre une seule protéine, la protéine Spike, laquelle change rapidement avec l’apparition des variants. Ayant acquis une bonne immunité naturelle, le Dr Marichal n’avait rien à craindre de la Covid. Et il n’avait aucune raison de se faire vacciner.

Pourtant, le 12 juillet 2021, le Président Macron parle… Les soignants devront se faire vacciner d’ici le 15 septembre, à défaut ils seront suspendus, sans salaire.

«Pour moi c’était un vrai coup de massue, je n’avais  jamais pensé qu’on pourrait rendre obligatoire pour les soignants – qui ont déjà tellement donné – une vaccination avec un produit qui est encore en cours d’essai. »

D’autant plus que rien ne le justifie sur le plan sanitaire. Le variant delta qui circulait cet été est plus contagieux, on le sait, mais beaucoup moins dangereux.

« Que les gens se fassent vacciner parce qu’ils ont peur de la Covid, je respecte… mais on devrait aussi respecter les gens qui ont plus peur du vaccin que de la Covid »

Les effets secondaires des divers vaccins anti-covid, déjà recensés dans les bases de pharmacovigilance en France, en Europe, aux USA ainsi que sur le site de l’OMS, incluent des thromboses graves (embolies pulmonaires, AVC, infarctus), des poussées de zona et d’herpès, des maladies auto-immunes (thyroïdites, polyarthrites), des troubles neurologiques, des troubles cardio-vasculaires (poussées d’hypertension, arythmies, extra-systoles, myocardites). Et des décès.

« Il y a des risques inhérents à cette protéine Spike qui a, on le sait, un tropisme pour l’endothélium vasculaire. Cela crée des thromboses, qui expliquent un certain nombre des effets graves de l’infection à covid-19. Le vaccin expose en réalité aux mêmes risques, puisqu’il induit la fabrication par nos propres cellules de cette même protéine Spike ».

« Moi je n’ai aucun bénéfice à attendre de la vaccination et tous les risques à prendre. »

Refusant la vaccination, le Dr Marichal a été prié de ne plus mettre les pieds dans les EHPADs où il travaillait. Plutôt que de risquer des sanctions disciplinaires (à la demande de l’ARS, les médecins suspendus peuvent de surcroît faire l’objet de poursuites disciplinaires par leur Conseil de l’Ordre), il a demandé une mise en disponibilité pour 6 mois, qui lui a été accordée. Il est maintenant sans travail, et sans revenus.

« Je ne suis pas contre le vaccin, j’ai vacciné en EHPAD les résidents qui le souhaitaient, mais autant on peut comprendre qu’on vaccine des personnes fragiles, qui le souhaitent, qui n’ont pas eu la covid et n’ont pas d’immunité naturelle… autant il est absurde d’exiger que tout le monde soit vacciné, même ceux qui ont eu la covid et ont une immunité naturelle. Je ne comprends pas comment on en arrive là. »

Si la situation n’évolue pas le Dr Marichal ne pourra plus travailler. Une situation difficile à vivre pour le médecin qui a consacré sa vie au bien-être de ses patients et qui aime passionnément son métier.

« Je vis un peu au jour le jour. Je pourrais faire valoir mes droits à la retraite. Mais je comptais travailler encore au moins deux ans car j’aime ce que je fais, j’aime mon travail ! »

Il y a beaucoup à faire dans les EHPADs pour prévenir les problèmes qui peuvent frapper les personnes âgées : chutes, dénutrition, perte d’autonomie. Mettre en place toute cette prévention correspond bien à la philosophie du médecin qui a toujours considéré qu’il fallait aider les gens à conserver leur santé (plutôt que de soigner des maladies).

« J’ai toujours essayé de faire une médecine individuelle, adaptée à chacun. Là on est dans une médecine de masse. Moi je ne m’y reconnais pas, là-dedans . […/…] On m’a mis sur la touche uniquement parce que je ne suis pas vacciné, alors que je n’en ai pas besoin… C’est un peu difficile à vivre, je ne comprends pas, je reste avec mes questions. Ça n’a aucune logique. On a perdu tout bon sens.  On est dans une espèce de folie vaccinale. »

Quelle médecine pour demain ?

Dans la situation actuelle, le Dr Marichal voit l’aboutissement d’une évolution néfaste qui dure depuis fort longtemps. Sous l’intention affichée « d’harmoniser » les pratiques, on assiste en fait à une homogénéisation. On est maintenant dans une médecine de protocole, qui impose au médecin une seule façon de faire. Il n’y a plus vraiment de bon et de mauvais médecins, car tous sont tenus d’agir de la même façon. Le médecin n’a plus besoin de réfléchir : on lui dit tout ce qu’il doit faire. Le temps n’est pas loin où on n’aura sans doute plus besoin de médecin du tout, on pourra faire le diagnostic par ordinateur, grâce à une intelligence artificielle, et une infirmière pourra surveiller l’application du protocole. Protocole qui consistera bien sûr en une prise de médicaments, ou éventuellement une intervention chirurgicale (effectuée par un robot?). Les médecines « parallèles », « douces » ou « complémentaires » sont inexorablement poussées sur le côté, avec le déremboursement de la phytothérapie, puis de l’homéopathie.

A l’opposé de cette conception, le Dr Marichal met en avant la relation de confiance qui s’établit entre le praticien et son patient.

« Pour moi la médecine c’est un art. Elle doit être préventive, individuelle, adaptée à chacun. […/…] On n’est pas là pour imposer quoi que ce soit mais pour aider les gens à retrouver la santé, les accompagner, pour qu’ils soient acteurs de leur santé, qu’ils se prennent en main. […/…] Il faut respecter le choix des gens, ça me paraît fondamental »

La crise du coronavirus est en réalité la crise de tout un système de pensée. Depuis longtemps nos « élites » ont programmé notre futur sans nous consulter. Mais que voulons-nous, nous ?

Que nous inspire une société où des médecins compétents et dévoués comme le Dr Marichal sont évincés, « remerciés » après une vie consacrée à la santé des autres ?

« Les soignants ont tant donné pendant la crise covid, quand on voit comment aujourd’hui ils sont traités, maltraités, cela pose question. »

 

 

 

 

 

 

S.D. pour La Libre Parole